Arthur Pienkowski - PharmD et Manager produit Kaduceo
Commençons par définir le cadre dans lequel le parcours de soins s’inscrit (Figure 1) : En France, un usager du système de santé a un parcours de vie, c’est-à-dire un ensemble d’événements qui se succèdent, qu’ils soient en lien avec sa santé ou non. Au sein de ce cadre très global, un patient a un parcours de santé. La HAS le définit comme la résultante « de la délivrance coordonnée de prestations sanitaires et sociales pour répondre aux besoins de prévention et de soins des personnes, dans le cadre de dépenses maîtrisées »[1]. Le parcours de santé est donc une notion qui comprend tous les événements de soins mais également ce qui se passe en amont et en aval de ceux-ci. Cela concerne tant la prévention primaire et secondaire, que l’accompagnement médico-social des usagers du système de santé. Toujours selon la HAS, le parcours de soins correspond alors au : « juste enchaînement et au bon moment de différentes compétences professionnelles liées directement ou indirectement aux soins : consultations, actes techniques ou biologiques, traitements médicamenteux et non médicamenteux, prise en charge des épisodes aigus (…)»[2]. Le parcours de soins est donc un ensemble plus restreint du parcours de santé, ne se concentrant que sur les événements de soins pratiqués en lien avec une affection. Cette dimension exclut les notions de prévention et d’accompagnement social pour se focaliser sur les étapes qui se déroulent à l’hôpital et en ambulatoire.Le parcours de soins selon Kaduceo
Kaduceo est une société experte en analyse de données de santé. Depuis 6 ans nous abordons le parcours de soins sous l’angle de l’analyse des données d’activité des établissements de santé :Enchaînement dans le temps de tous les événements de soins survenant dans le cadre d’une prise en charge médicale.La Figure 2 schématise les caractéristiques du parcours de soins : les événements (ACE : actes et consultations externes, hospitalisations), durées, flux (intra- comme inter-hospitalier) ainsi que la valorisation économique. Notre conception du parcours débute au premier enregistrement d’un patient pour un motif dans un établissement de santé jusqu’au dernier événement de sa prise en charge. Cette approche se base en premier lieu sur les données médico-administratives des établissements de santé : le PMSI (Programme de Médicalisation du Système d’Information). Cependant, d’autres types de données peuvent compléter l’analyse du parcours. On parle de bases structurées pour les données issues des logiciels-métiers des praticiens, ou de bases non-structurées pour les comptes-rendus médicaux et courriers de sortie des patients par exemple. Le périmètre d’un parcours et les notions de début et de fin sont importants, notamment pour les prises en charges cycliques ou chroniques. Dans l’exemple de l’Aide Médicale à la Procréation (dans le cas d’un succès), le parcours correspond à toutes les étapes entre la première consultation (début du parcours) et l’accouchement (fin du parcours). Cela signifie que si un couple effectue plusieurs tentatives (FIV, Inséminations) avant d’aboutir à un accouchement, toutes ces étapes seront considérées comme appartenant à un seul et même parcours (Figure 3). Malgré la possibilité d’effectuer plusieurs cycles de tentatives, la fin du parcours reste identifiée par l’événement « accouchement ». En revanche, un couple ayant déjà eu un enfant via une technique d’AMP et démarrant une nouvelle tentative, cette dernière sera comptabilisée comme un nouveau parcours.
Analyse de parcours : Bénéfices
Quand la quantité d’informations à appréhender devient trop importante (innombrables étapes, protocoles patients lourds et polypathologiques etc…) l’analyse de parcours apporte une vision globale et véritable, une prise de recul à l’échelle d’un service entier (non-pas à l’échelle d’un patient en particulier). D’autant plus lorsque le volume d’activité est important et que le parcours de soins est long et complexe. Notre approche permet aux professionnels de santé de gagner en connaissance et en visibilité sur leurs pratiques : identifier des points de rupture, valoriser économiquement l’activité d’un service mais aussi analyser des indicateurs de suivi pertinents.Ce sont sur les parcours longs et complexes que la data science apporte plus de valeur aux professionnels de santé.Le premier bénéfice est donc médical et opérationnel : en offrant une vue d’ensemble sur l’activité d’un service à des praticiens pour permettre l’amélioration des pratiques. L’analyse de données pouvant également se faire de manière continue, le suivi de l’activité est possible par l’analyse de parcours. Ce pilotage rend notamment compte de la valorisation économique d’une unité médicale. Enfin, la data science appliquée au parcours de soins vient également en support de la recherche clinique et scientifique. Le Health Data Hub en France est le plus bel exemple de l’intérêt grandissant du monde médical pour l’analyse de données.
Analyse de parcours : Challenges & Enjeux
La prise en charge d’un patient ne peut être réduite uniquement à son passage en établissement de santé. En effet, le parcours « ville-hôpital » désigne les événements liés à une prise en charge médicale se déroulant en dehors d’un établissement de santé. Cela correspond notamment aux :- Actes et consultations réalisés en médecine de ville (médecine générale, spécialisée, soins paramédicaux etc…),
- Consommations médicamenteuses,
- Utilisations par les dispositifs connectés à finalité médicale (dispositifs médicaux connectés, applications d’e-santé et Digital Therapeutics etc…) .
Bibliographie
[1] https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2016-01-11_lexique_vf.pdf
[2] https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-05/quest-rep_parcours_de_soins.pdf